Isabelle

United Colors of Africa : des oeuvres picturales rayonnantes et des masques colorés pleins de sens signés Claire Marboeuf

Du 23 mars au 5 avril 2018, le Seen Hotel Abidjan Plateau présente « United Colors of Africa », la première exposition de Claire Marboeuf dite Claire M. 

 

United Colors of Africa

Le titre de l’exposition, United Colors of Africa, fait référence à l’Afrique comme source d’inspiration. Claire Marboeuf nous dit : « L’Afrique y est pour beaucoup, elle m’a inspiré et m’inspire encore chaque jour ! Par ses couleurs, sa lumière, cette chaleur humaine dont je ne me lasse pas, son bazar aussi ! L’Afrique est vivante et je suis touchée chaque jour par ses sourires et sa grâce. »

United Colors of Africa nous invite à ce voyage où masques akan, yohouré ou senoufo, sculptures et autres clichés monochromes prennent vie, sous les doigts de l’artiste, comme pour nous faire découvrir « ces belles histoires, ces vies racontées au coin de rue » lors de ses pérégrinations sur le continent.

United Colors of Africa de Claire Marboeuf – crédit photo : original found

Des oeuvres picturales rayonnantes

Claire Marboeuf dans sa démarche artistique nous communique la joie de vivre, le sourire, les ondes positives qu’elle capte dans ses pérégrinations sur le continent. Elle nous a donné la possibilité de découvrir, à travers un autre regard, le quartier Ebrié de Blockhaus situé dans la commune de Cocody à Abidjan, Côte d’Ivoire.

En effet, son travail consiste à retranscrire la chaleur de ces rencontres, en partant de photographie couleur qu’elle imprime en noir et blanc, auxquelles elle ajoute un mélange de peinture et de morceaux de Wax pour reconstituer le paysage entre rêverie et remémoration de l’instant passé. Plus qu’un cliché, ses œuvres sont un moment de rêverie, une rappel de la force de l’instant présent. Ainsi, Claire Marboeuf, au-delà simplement immortaliser de ces instants de vie, leur donne une seconde vie. Elle nous raconte une histoire, comme toutes ces petites histoires de la vie quotidienne qui nous donne le sourire.

 

Des masques colorés pleins de sens

Masque Yaourè en mosaïque et Venus en Terre Claire M – crédit photo : original found

Claire Marboeuf travaille également la mosaïque aussi bien sur des formats 2 D que sur des pièces volumineuses. Et c’est le dernier format qui nous intéresse tout particulièrement avec son travail sur des masques en bois sculptés. Ces masques ne sont pas des masques rituels. Loin d’elle, l’idée de prendre des masques ayant une histoire et une ancienneté reconnue, il s’agissait pour elle dans une premier temps de découvrir un nouveau support. Et c’est au fur et à mesure qu’elle a pris goût à découvrir la richesse et la symbolique des masques. Ainsi, lorsqu’un masque évoque des valeurs qu’elle trouve pertinente, elle demande à un sculpteur ivoirien de le reproduire sans pour autant être identique, puis elle commence son travail. Un long travail puisqu’elle peut prendre plusieurs jours pour réaliser une sculpture sur mosaïque.

Ces oeuvres dégagent une grande gaité donnant au masque une autre forme sacré. Ils sont beaux, ils brillent, ils sont majestueux, ils sont imposants et surtout ils sont agréables à regarder.

Parmi les masques présentés, ceux qui nous on les plus marqués sont :

  • Le Masque éléphant du Cameroun

    Un symbole de puissance de l’animal qui traduit, au Cameroun, une image de stabilité, de longévité, de mémoire, de sagesse. Le masque-éléphant occupe une des places les plus éminentes : Il pénètre le dernier sur l’aire de danse, qu’il quitte le dernier, avec des mouvements lents, calmes, posés, qui correspondent à son rang.

  • Le Masque musulman du Do

    Si l’on s’en tient à l’explication tirant sa source de l’ouvrage Comment regarder les arts d’Afrique de Alain-Michel Boyer, la présence du Masque Musulman du Do est une des révélations de cette exposition. En effet, il est écrit : « Si la doctrine musulmane interdit la représentation des êtres animés, c’est parce que les artistes ne doivent pas tenter d’imiter ou d’égaler l’acte créateur d’Allah. Toutefois, l’usage des masques, qui témoigne d’une pratique sans doute millénaire, a longtemps existé et perdure parfois encore dans certaines régions qui mêlent une observance des enseignements de Mahomet et une riche création sculpturale. Ce masque s’inspire du kpeliyé des Sénoufos et intervenait lors de l’aïd-el-fitr, fête qui clôt le ramadan. »

Le Masque Casque Eléphant – crédit photo : original found
Le Masque Casque Elephant selon Claire M – crédit photo : original found
Le Masque Musulman selon Claire M – crédit photo : original found
Le Masque Musulman selon Claire M – crédit photo : original found

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous n’avez plus de raison de ne pas aller visiter cette exposition qui donne vie au Hall et au Lobby du Seen Hotel Abidjan Plateau. Bonne découverte !

United Colors of Africa de Claire Marboeuf – crédit photo : original found

United Colors of Africa de Claire Marboeuf jusqu’au 5 avril 2018 au Seen Hotel Abidjan Plateau 

Plan d’accès au Seen Hotel Abidjan Plateau


A Abidjan, l’artiste ivoirien Ernest Dükü nous offre sa première exposition solo sur le continent africain

Ernest Dükü compte parmi les artistes ivoiriens les plus connus à l’international. En effet, avec plus de 50 expositions à son actif à travers le monde, il est l’un des artistes plasticiens ivoiriens les plus prolifiques de sa génération. La LouiSimone Guirandou Gallery accueille, du 8 mars au 12 mai 2018, MasKArade @ ANANZE Explorer, première exposition individuelle de Ernest Dükü.

MasKArade @ ANANZE Explorer de Ernest Dükü jusqu’au 12 mai 2018 à la LSGG

La signature d’Ernest Dükü : la peinture sculptée

Ernest Dükü se distingue de ses contemporains par sa signature, qu’il qualifie de « peinture sculptée ».

Son travail est à cheval entre la peinture et le dessin, Ernest Dükü nous emmène dans un univers plein de symboles. Entre mythologie africaine, symboles Akan, Egypte antique, idéogramme, notion d’harmonie, symbolique religieuse… l’artiste nous invite à découvrir ou redécouvrir notre identité, notre mémoire, notre relation au monde moderne et à la religion à travers une lecture touchant tantôt notre inconscient collectif et tantôt notre subconscient individuel. Nous devons puiser au fond de nous pour trouver notre lecture (ou nos lectures) de son œuvre en vue de réaliser cette introspection.

Ernest Dükü et MasKArade @ ANANZE Explorer

Intitulée MasKArade @ ANANZE Explorer, la première exposition individuelle d’Ernest Dükü met à l’honneur Kacou Ananze, l’araignée. Un personnage avare, égoïste, craint des autres animaux, qui prend successivement l’aspect des animaux les plus divers et jouit d’un anthropomorphisme lui permettant de multiples apparences humaines. Kacou Anazé l’araignée est à l’origine de nombreux contes du pays Agni en Côte d’Ivoire. Ses qualités en font un être d’exception qui n’est cependant pas toujours à l’abri de déconvenues. Certaines de ses aventures ont été rassemblées dans Le Pagne Noir, recueil de seize contes africains de Bernard Dadié.

Mais de façon beaucoup plus large, l’exposition se base sur une compréhension / interprétation / découverte plus approfondie du jeu de l’Awalé. Ce jeu de société combinatoire abstrait, créé en Afrique, appartient à la grande famille des jeux de semailles africains. Ces jeux au mécanisme très particulier et sans hasard ne peuvent s’apparenter au Senet égyptien qui, lui, est un jeu de parcours (avec des dés) et à une stratégie très différente. Bien que les égyptologues n’aient jamais rencontré un jeu comparable à l’Awalé parmi les jeux de l’Égypte antique, on sait que les premiers tabliers d’Awalé sont apparus en Éthiopie et semblent remonter au VIIIème siècle. L’Awalé se retrouve dans toute l’Afrique et a été propagé à partir du IXème siècle au Moyen Orient, en Inde, en Asie et jusqu’en Chine. La forme que nous connaissons de l’Awalé, typique de l’Afrique de l’Ouest, est celle qui a été transportée durant l’esclavage. On retrouve ainsi les traces de ce jeu en Amérique Latine, particulièrement aux Caraïbes.

Pour Ernest Dükü, l’Awalé est assimilé à un jeu de la vie. En effet, l’Awalé est ici un mythe, une sorte de jeu ancestral. On est donc invité à sortir de l’Awalé pour aller plus loin, l’idée étant de se baser sur ce mythe pour créer une utopie. On nous invite à nous demander : « Que se passe-t-il derrière ce jeu ? » Nous devons porter un autre regard sur l’objet et ce qu’il a à nous apporter en terme de lecture de la complexité du monde.

A travers ce personnage de Kacou Ananze l’araignée et de ce jeu de société (ou encore par le biais des clins d’œil à Christian Lattier et Bruly Bouabré et leurs symboliques),  Ernest Dükü nous invite à embrasser un nouveau regard sur la multitude du monde qui nous entoure.

Pour en savoir plus, rendez-vous à la LouiSimone Guirandou Gallery à Abidjan en Côte d’Ivoire pour découvrir MasKArade @ ANANZE Explorer jusqu’au 12 mai 2018.

 

En savoir plus, en français : 

En savoir plus, en anglais :


A Abidjan, Thierry Dia met à jour les futurs grands artistes du pays

Homme de culture, cumulant ses activités professionnelles au sein du Conseil Café-Cacao en Côte d’Ivoire et sa passion pour les arts plastiques et vivants, Thierry Dia œuvre à titre personnel pour la promotion des artistes et de l’art contemporain en Côte d’Ivoire à travers différentes actions de soutien aux artistes. Découvrons le en quelques lignes.

Thierry Dia – Photo officielle Galerie Houkami Guyzagn

Thierry Dia, dénicheur de talents

C’est par un pur hasard que son aventure a commencé avec Charlaman, un jeune artiste qui vendait sans grand enthousiasme ses œuvres dans un supermarché. Thierry Dia a voulu l’encourager convaincu qu’il était par le talent du jeune homme. Il lui proposa de l’aider à vendre une petite vingtaine de tableau. Par la suite, Thierry Dia a été contacté par d’autres étudiants de la même filière que Charlaman, qui souhaitait obtenir un soutien pour promouvoir leur travail.

Thierry Dia a donc décidé, après avoir pris conseils auprès de quelques amis, d’apporter son soutien dans un cadre formel : le Grand Prix Guy Nairay est né. Son objectif est de palier le manque d’espaces de visibilité et de mise en valeur des productions des artistes tels que les musées d’art contemporain, les centres, les galeries, ou les espaces nationaux d’art contemporain. Il se tient tous les deux ans et récompense les dix meilleurs jeunes talents de la peinture et de la sculpture. Au fil des années, la photographie s’est ajoutée à ces domaines.

Thierry Dia et le Grand Prix Guy Nairay

« Les Guyzagn » est un Concours National de Peinture, de Sculpture et de Photographie, doté du Grand Prix Guy Nairay, initié et organisé par la Galerie Houkami Guyzagn. Cette manifestation biennale de reconnaissance et de célébration des valeurs artistiques est ouverte aux artistes professionnels et amateurs de 18 à 40 ans, de Côte d’Ivoire ou d’ailleurs, en les mettant en compétition sur une thématique.

C’est pour palier le manque d’espaces de visibilité des productions des artistes dans des lieux comme les musées d’art contemporain, les centres, les galeries, ou les espaces nationaux d’art contemporain que ce concours à vue le jour.

En effet, de nombreux jeunes plasticiens talentueux issus notamment de l’Ecole Nationale des Beaux Arts d’Abidjan (ENBA) ont des difficultés à se faire connaître, faute de pouvoir montrer leurs travaux dans des espaces publics. De plus, les galeries privées sont quelque peu réticentes quant à l’idée d’exposer des artistes plasticiens inconnus du grand public.

Le Concours « Les Guyzagns » est donc une opportunité réelle pour les jeunes artistes plasticiens de se faire connaître. Elle se veut surtout être une plateforme d’expression et de révélation.

Thierry Dia et la Galerie Houkami Guyzagn

D’où vient le nom de sa galerie, Houkami Guyzagn ? De deux mots : Houkami, en Baoulé, qui veut dire «Aide-moi», et Guyzagn car Guy évoque Guy Nairay, qui a aidé les autres sans forcément chercher quelques choses en retour, et Zagn pour le rappel phonétique au «design» et le côté manga qui est cher à Thierry Dia. .

Par conséquent, Houkami Guyzagn, c’est aider comme Guy Nairay, par bonne volonté, sans attendre quelques choses en retour.

En 2001, Thierry a aussi lancé une plateforme d’échanges et de débats autour des arts appelée « Apéro-Arts » et créé un magazine d’art intitulé « Le Guyzagner, mécène de l’art ». Ils lui permettent d’accompagner la promotion des arts plastiques.

Emporté par l’engouement, il a déménagé ses locaux en 2015 dans une résidence créative située à la Riviera Bonoumim. La nouvelle Galerie Houkami Guyzagn dispose d’une galerie extérieure et d’une galerie couverte, un espace plus grand pour accueillir des résidences d’artistes pour la production artistique. On y trouve un restaurant, une salle d’exposition intérieure baptisée la Galerie Mathilde Moreau, une salle d’exposition extérieure et un lounge bar pour discuter.

Thierry Dia – Photo officielle Galerie Houkami Guyzagn

A noter :

Ce mercredi 21 février 2018, la Fondation ORIGINΛL, première fondation numérique de promotion des arts et culture avec un focus sur l’Afrique, diffusera une interview exclusive sur Thierry Dia. Rendez-vous dès 9h00 sur www.originalfound.com

A lire aussi en français :

A lire aussi en anglais :


A Abidjan, Simone Guirandou, figure de proue de la promotion des arts contemporains

La LouiSimone Guirandou Gallery, située à la Cité Mermoz, en plein cœur du poumon artistique de la ville d’Abidjan, est le témoignage moderne et avant-gardiste d’une volonté, depuis plus de 30 ans, de promouvoir les arts contemporains. Mme Simone Guirandou N’Diaye en est la fondatrice. Partons à la découverte d’un monument essentiel pour la scène artistique ivoirienne et internationale.

source : website LouiSimoneGuirandou Gallery

Simone Guirandou, une expérience de plus de 30 ans

Diplômée en Histoire et Théorie de l’Art et en linguistique Appliquée à l’université d’Otawa (Canada), Mme Simone Guirandou a enseigné l’Histoire de l’art à l’Institut National des Arts de Côte d’Ivoire (devenu INSAAC) avant d’entamer sa carrière de galeriste en 1985. Elle débuta d’abord chez elle, puis ouvra sa première galerie : Arts Pluriels.

En 2011, pour ses 25 années d’activités au service de la promotion des arts contemporains, elle édite un ouvrage intitulé « Les cinq continents à la Galerie Arts Pluriels ». Cet ouvrage témoigne des nombreuses expositions réalisées, des participations actives à des biennales et foires internationales, et surtout, il présente plus d’une centaine d’artistes nationaux et internationaux qu’elle exposa dans sa galerie.

Simone Guirandou, une œuvre conséquente

Mme Simone Guirandou, est une personnalité reconnue du monde des arts en Côte d’Ivoire et bien au –delà des frontières nationales. Membre de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (ASCAD) et membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art, elle s’est vue confiée en 2011, par le gouvernement ivoirien, le Commissariat Général et l’organisation de la première édition du Salon International des Arts Plastiques d’Abidjan (SIAPA). Son rôle dans la vulgarisation, à travers l’enseignement en sa qualité d’Historienne de l’Art, et la promotion, à travers ses expositions en sa qualité de Galeriste font d’elle, aujourd’hui, une figure de proue de la promotion des arts contemporains.

Simone Guirandou, un regard sur l’avenir

Riche de ses nombreuses années d’expérience dans le domaine de la promotion des arts contemporains, sa Galerie « Arts Pluriels » est devenue en décembre 2015, la « LouiSimone Guirandou Gallery ». Une galerie qui s’inscrit dans la continuité du travail entamé pour positionner ses rendez-vous artistiques parmi les incontournables rencontres de la scène artistique abidjanaise. Avec son regard neuf, ses concepts artistiques originaux, la LouiSimone Guirandou Gallery vous offre un autre regard sur les arts contemporains.

La Côte d’Ivoire peut donc avec fierté se targuer de posséder cette personnalité emblématique qu’est Mme Simone Guirandou N’Diaye.

A noter :

Ce mercredi 24 janvier 2018, la Fondation ORIGINΛL, première fondation numérique de promotion des arts et culture avec un focus sur l’Afrique, diffusera la première interview vidéo jamais réalisée sur Mme Simone Guirandou N’Diaye. Rendez-vous dès 9h00 sur www.originalfound.com

source : website LouiSimoneGuirandou Gallery

 

A lire aussi en français :

A lire aussi en anglais :

 

 


Boris Nzebo à Abidjan : les coiffures des femmes servent à interroger les sociétés africaines

L’artiste plasticien camerounais Boris Nzebo expose pour la première fois à Abidjan, à la Fondation Donwahi.
L’ exposition, intitulée « Mutants », est ouverte depuis le mois d’octobre et fermera le 31 janvier prochain.
L’artiste y interroge les sociétés africaines à travers les coiffures des femmes.
Découvrons ensemble les grandes lignes de ce travail…

‘Mutants’ de Boris Nzebo – Fondation Donwahi

“I often choose women as my subjects, and use the interlacing of physical features and urban exteriors to explore their inner state” , indique Boris Nzebo

 « Je choisis souvent les femmes comme sujets, et j’utilise l’entrelacement des caractéristiques physiques et des éléments urbains extérieurs pour explorer leur état intérieur. »

Dans le travail de Boris Nzebo, les « Femmes » sont magnifiées, notamment par les belles coiffures. Il les positionne comme UN témoin des réalités frappantes de nos sociétés.

Les femmes, des porte-paroles silencieux

D’un côté, l’artiste se sert des coiffures africaines, attributs de beauté, pour nous inviter au sein des scènes quotidiennes de la vie. Une façon de nous interroger sur la place des femmes, des enfants, des hommes et des liens qu’ils mettent en place. Questions politiques et sociétales : quel rôle joue-t-on? Quel rôle doit-on jouer? Devons nous subir en silence ou agir?

Effectivement, les toiles consistent en une composition de liens qui se croisent, se mêlent, se superposent, s’effacent, se construisent et se déconstruisent pour nous obliger à forcer le regard et laisser apparaître une toute autre réalité derrière le portrait de ces femmes aux coiffures imposantes. Cette réalité est celles des conflits militaires, des viols, de la situation des enfants soldats, du terrorisme…. Les femmes sont les témoins silencieux de ces faits qui deviennent peu à peu banals, tant ils occupent le quotidien.

‘Mutants’ de Boris Nzebo – Fondation Donwahi

Les femmes, des victimes identitaires

De l’autre côté, à travers les « Têtes Mutantes », il se sert des coiffures pour nous interpeller sur la crise identitaire qui frappe les générations noires.

En effet, ces têtes, qui semblent tout droit sortie des toiles, sont les premières d’une série intitulée « Fashion Victims ». Il s’agit de traduire le mal-être de ces jeunes femmes qui s’identifient à des idoles aux attributs de beauté occidentaux. Une façon d’effacer sa propre identité au détriment du moule social. Ces jeunes femmes se condamnent à devenir des clones de leurs idoles à force de vouloir être tendance. Dans cette exposition, Boris Nzebo a choisi le cheveu, arme fatale de séduction pour les femmes. Il est utilisé pour dénoncer :

  1. La perte d’identité à travers la nécessité de se « greffer » des cheveux (mèches, tissages, perruques, défrisage)
  2. La manipulation économique à travers le business des mèches
  3. L’individualisme avec le culte du « Moi, Je » puisqu’il est devenu plus courant de passer 5 heures dans un salon de coiffure que du temps avec ses proches

Ainsi de quoi parle-t-on ? Des femmes-mères, des femmes-objets sexuels, des femmes-instruments, des femmes-victimes…. Cette exposition interroge cruellement sur le rôle de la Femme dans son environnement. Celui qu’on lui attribue, celui qu’elle veut jouer, qu’elle peut jouer, qu’elle doit jouer… Autant de questions qui se trouvent au cœur de la constitution et du développement de nos sociétés africaines où les femmes ont toujours joué un rôle primordial.

‘Mutants’ de Boris Nzebo – Fondation Donwahi

Cette exposition est accessible jusqu’au 31 janvier 2018 à la Fondation Donwahi, située Boulevard Latrille, en face de l’église Saint Jacques à Abidjan, Côte d’Ivoire.

Pour en savoir plus sur l’exposition, cliquez ICI.