22 mai 2017

Chefs d’oeuvre d’Afrique, découverte des collections du Musée Dapper

J’ai appris la triste nouvelle de la fermeture du Musée Dapper la semaine dernière. J’ai eu le plaisir de m’y rendre en mars dernier  pour apprécier les expositions intitulées Les Mutants de Soly Cissé et Chefs d’œuvre d’Afrique rassemblant des pièces inédites et uniques en provenance d’Afrique centrale et de l’ouest. Compte tenu de la fermeture du musée et afin que cette exposition exceptionnelle perdure, je vous invite à découvrir en quelques lignes l’exposition Chefs d’oeuvre d’Afrique ainsi que mes coups de coeur.

Exposition Chefs d’oeuvre d’Afrique – Musée Dapper

Chefs d’oeuvre d’Afrique, à la découverte des collections du Musée Dapper

Chefs d’œuvre d’Afrique, une collection d’exception

Cette exposition, ‘ Chefs d’œuvre d’Afrique ‘ initialement prévue jusuq’au 17 juin 2017 a réuni plus de 130 pièces diverses et variées en provenance d’Afrique centrale et de l’ouest. En effet, le Musée Dapper nous a offert un voyage des civilisations puisque nous avons pu découvrir des œuvres en provenance du Cameroun (Bangwa), du Gabon (Fang, Kota, Punu), de Côte d’Ivoire (Baoulé, Senoufo, Wé), du Bénin (Fon) ou encore du Mali (Dogon, Soninke).

Chefs d’œuvre d’Afrique, une mise à jour des civilisations d’Afrique

Les œuvres exposées et sélectionnées sont un témoignage de la grandeur des civilisations d’Afrique. En effet, ces statuettes, masques, armes, bols et autres objets rituels et du quotidien sont les preuves de l’organisation et de la structure des civilisations africaines. Leurs fonctions multiples liées à des pratiques et savoirs spécifiques nous permettent de comprendre les événements et activités qui rythmaient la vie de ces sociétés. Que ce soit les cérémonies d’initiations des adolescents ou celles des hommes mûrs ou celles destinées à rendre hommage aux ancêtres, à renforcer la fécondité des femmes, à assurer la fertilité des terres ou à soigner, etc.  Nous nous retrouvons ancrés dans des rites et célébrations clairement liés aux pratiques animistes qui régissaient autrefois les sociétés africaines.

Chefs d’œuvre d’Afrique, pour la découverte d’une Afrique plurielle avant-gardiste

A travers la présence de documents anciens, d’extraits de vidéos, de photos et de statuettes cette exposition nous interpelle finalement sur l’avant-gardisme des sociétés africaines. En effet, nous sommes amenés à nous interroger sur les éléments constitutifs du socle culturel et sociétal. Les civilisations africaines présentées dans cette exposition nous montrent qu’il s’agit de peuples et sociétés organisées avec des règles de vie qui ressemblent fortement à nos pratiques contemporaines. On peut donc se demander dans quelle mesure ces sociétés sont à l’origine des fondements de nos sociétés modernes.

Chefs d’œuvre d’Afrique Centrale et de l’Ouest : mes coups de cœur

Mes coups de coeur : Chefs d’oeuvre d’Afrique Centrale

  1. Les Tissus Kuba (RDC)

    Exposition Chefs d’oeuvre d’Afrique – Musée Dapper

    Les Shoowa, un sous groupe Kuba, sont surtout connus pour les tissus veloutés qu’ils portaient à l’occasion de certains rituels. Cependant, l’usage de ces étoffes de raphia n’était pas uniquement vestimentaire. Celles-ci témoignaient non seulement du statut social, politique et religieux de leurs détenteurs, mais servaient également de monnaie d’échange.
    Les velours comptaient ainsi parmi les biens accumulés lors des funérailles. Ces tissus brodés étaient déposés sur la dépouille du défunt afin qu’ils puissent être reconnu dans l’autre monde par ses ascendants.


  2. Bangwa – Le Masque- cimier de la société troh (Cameroun)

    Exposition Chefs d’oeuvre d’Afrique – Musée Dapper

    C’est un masque dit « de la nuit » et qui est fait pour inquiéter. Un monstre qui arbore des piques aux tempes et des joues gonflées et qui selon l’explication fait l’objet d’un traitement rituel pour le charger de puissance. Ce type de masque inspire tant la crainte qu’il n’est jamais mis sur la tête. Lors des cérémonies, il est porté sur l’épaule ou l’avant bras.On ajoute également, que ce masque, comme ceux des autres confréries bangwa, à laquelle appartenait cet objet, avait pour fonction de disposer des corps des suicidés ains que des « mauvais morts » et d’infliger la peine capitale aux condamnés, de traiter rituellement le lieu d’un meurtre ou d’un accident. C’est pourquoi ces sociétés inspirent la peur.

  3. Les Gardiens en métal  (Gabon, Congo)

    Exposition Chefs d’oeuvre d’Afrique – Musée Dapper

    Les figures de reliquaire kota est une expression qui a été attribuée à une ensemble de groupes ethniques en provenance du Gabon et du Congo, parmi lesquels figurent les Shamaye, les Obama et les Ndassa qui n’ayant pas toujours de liens de parenté, pratiquaient tous le culte des ancêtres.On apprend que les Kota, ne sculptant pas eux-mêmes leurs objets culturels et usuels, faisaient appel à leur voisins, les Mahongwe pour réaliser les pièces dont ils avaient besoin. Si les gardiens de reliques des défunts relèvent de styles extrêmement différents, ils ont en commun :
    – le visage plus ou moins schématisé, avec la présence des yeux et du nez et plus rarement de la bouche, qui est encadré par une coiffure dont le sommet représente une forme de croissant;
    – les parties latérales peuvent se terminer par des excroissances qui représenteraient des tresses;
    – la manche, suggérant le corps, a une forme de losange dont les segments supérieurs sont parfois recouverts de métaux coûteux symbolisant la richesse et le prestige.

 

Mes coups de coeur : Chefs d’oeuvre d’Afrique de l’Ouest

  1. Le Tyi Wara (Mali)
    Ce masque symbolisant une antilope était fixé sur une structure en vanille. L’objet était ensuite placé sur le sommet de la tête. Il apparaissait à l’occasion des réjouissances organisées par un membre de la société ou pour ses funérailles. Par ailleurs, les masques tyi wara, conçus pour être utilisés par paire (mâle et femme) sortaient aussi du village lors des sarclages du mil pour stimuler les agriculteurs. A l’issue de cette compétition étaient élus les « fauves de la culture » soit les meilleurs travailleurs. C’était un signe de reconnaissance et en même temps cela permettait aux récipiendaires de payer un impôt proportionnel à leur récolte.

  2. Le Masque Wanyugo des sénoufos (Côte d’Ivoire – Mali)
    Exposition Chefs d’oeuvre d’Afrique – Musée Dapper

    Installés au nord de la Côte d’Ivoire et au sud du Mali, le port est à la fois une confrérie plus ou moins secrète et un théâtre dit « Magique ». Les cérémonies rituelles sont appels à différents masques qui sortent principalement pour les cérémonie d’initiation des hommes mais aussi lors des funérailles des membres de la confréries.
    Le Masque Wanyugo est la matérialisation des puissances surnaturelles invisibles. Il permet de les intercepter et de les soumettre. Cet objet est inspiré du phacochère considéré comme un intermédiaire entre le village et la forêt. Il est également un mélange de différentes parties anatomiques d’animaux sauvages tels que le crocodile, l’antilope et la hyène.

  3. La statue du Roi Glélé chez les Fon (Bénin)
    Exposition Chefs d’oeuvre d’Afrique – Musée Dapper

    Cette statue est un portrait du Roi Glélé qui régna de 1858 à 1889. Les sabres, Gubasa, rappellent symboliquement le personnage de Gu, le Dieu de la Guerre.
    Ici l’on a voulu nous rappeler que chez les Fon, le destin de chaque individu est tracé avant même sa naissance en mettant en avant l’art divinatoire, empruntée aux Yoruba, qui a été largement développé au sous le règne du Roi Glélé.

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