Boris Nzebo à Abidjan : les coiffures des femmes servent à interroger les sociétés africaines

Article : Boris Nzebo à Abidjan : les coiffures des femmes servent à interroger les sociétés africaines
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8 janvier 2018

Boris Nzebo à Abidjan : les coiffures des femmes servent à interroger les sociétés africaines

L’artiste plasticien camerounais Boris Nzebo expose pour la première fois à Abidjan, à la Fondation Donwahi.
L’ exposition, intitulée « Mutants », est ouverte depuis le mois d’octobre et fermera le 31 janvier prochain.
L’artiste y interroge les sociétés africaines à travers les coiffures des femmes.
Découvrons ensemble les grandes lignes de ce travail…

‘Mutants’ de Boris Nzebo – Fondation Donwahi

“I often choose women as my subjects, and use the interlacing of physical features and urban exteriors to explore their inner state” , indique Boris Nzebo

 « Je choisis souvent les femmes comme sujets, et j’utilise l’entrelacement des caractéristiques physiques et des éléments urbains extérieurs pour explorer leur état intérieur. »

Dans le travail de Boris Nzebo, les « Femmes » sont magnifiées, notamment par les belles coiffures. Il les positionne comme UN témoin des réalités frappantes de nos sociétés.

Les femmes, des porte-paroles silencieux

D’un côté, l’artiste se sert des coiffures africaines, attributs de beauté, pour nous inviter au sein des scènes quotidiennes de la vie. Une façon de nous interroger sur la place des femmes, des enfants, des hommes et des liens qu’ils mettent en place. Questions politiques et sociétales : quel rôle joue-t-on? Quel rôle doit-on jouer? Devons nous subir en silence ou agir?

Effectivement, les toiles consistent en une composition de liens qui se croisent, se mêlent, se superposent, s’effacent, se construisent et se déconstruisent pour nous obliger à forcer le regard et laisser apparaître une toute autre réalité derrière le portrait de ces femmes aux coiffures imposantes. Cette réalité est celles des conflits militaires, des viols, de la situation des enfants soldats, du terrorisme…. Les femmes sont les témoins silencieux de ces faits qui deviennent peu à peu banals, tant ils occupent le quotidien.

‘Mutants’ de Boris Nzebo – Fondation Donwahi

Les femmes, des victimes identitaires

De l’autre côté, à travers les « Têtes Mutantes », il se sert des coiffures pour nous interpeller sur la crise identitaire qui frappe les générations noires.

En effet, ces têtes, qui semblent tout droit sortie des toiles, sont les premières d’une série intitulée « Fashion Victims ». Il s’agit de traduire le mal-être de ces jeunes femmes qui s’identifient à des idoles aux attributs de beauté occidentaux. Une façon d’effacer sa propre identité au détriment du moule social. Ces jeunes femmes se condamnent à devenir des clones de leurs idoles à force de vouloir être tendance. Dans cette exposition, Boris Nzebo a choisi le cheveu, arme fatale de séduction pour les femmes. Il est utilisé pour dénoncer :

  1. La perte d’identité à travers la nécessité de se « greffer » des cheveux (mèches, tissages, perruques, défrisage)
  2. La manipulation économique à travers le business des mèches
  3. L’individualisme avec le culte du « Moi, Je » puisqu’il est devenu plus courant de passer 5 heures dans un salon de coiffure que du temps avec ses proches

Ainsi de quoi parle-t-on ? Des femmes-mères, des femmes-objets sexuels, des femmes-instruments, des femmes-victimes…. Cette exposition interroge cruellement sur le rôle de la Femme dans son environnement. Celui qu’on lui attribue, celui qu’elle veut jouer, qu’elle peut jouer, qu’elle doit jouer… Autant de questions qui se trouvent au cœur de la constitution et du développement de nos sociétés africaines où les femmes ont toujours joué un rôle primordial.

‘Mutants’ de Boris Nzebo – Fondation Donwahi

Cette exposition est accessible jusqu’au 31 janvier 2018 à la Fondation Donwahi, située Boulevard Latrille, en face de l’église Saint Jacques à Abidjan, Côte d’Ivoire.

Pour en savoir plus sur l’exposition, cliquez ICI.

 

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